Qu’elle est la part de votre pensée qui n’a pas été, de façon décisive, influencée par votre environnement familial initial, votre langue maternelle, l’école, les usages « maison », les injonctions parentales…
Celui qui pourrait répondre, « seulement 1% », serait probablement le penseur le plus original de son temps.
Il y a, aujourd’hui, en dehors de la médecine, deux paradigmes qui se veulent des représentants assez radicaux de la compréhension de l’humain : la psychanalyse et ses variantes, la sociologie.
Pour l’une, tout l’homme est contenu dans sa libido, son inconscient. L’accent est mis sur le désir, les fantasmes, l’angoisse de castration. Le conflit, ce qui entraîne l’individu à se sentir mal, en dehors des aléas réels de sa vie, est d’abord un conflit intrapsychique : c’est la lutte du moi, conscient et inconscient, contre le ça, sombre, insondable, irrépressible.
Dans l’autre, l’objet de recherche concerne la fabrication de l’identité sociale. L’individu se résume à l’incarnation « bio mentale » d’une classe, d’une culture. Si vous racontez à un psychanalyste, qu’enfant, vous ne mangiez guère à votre faim en raison de la situation de vos parents et qu’aujourd’hui, bien que votre posture sociale soit différente, vous conservez, face à la nourriture, une attitude d’économie en dépensant peu pour vous nourrir, il en conclura que la réalité de votre information n’a pas tant d’importance. Il essaiera de vous entraîner sur le chemin de l’oralité, de la relation à la mère.
Avez-vous été nourri au sein ou au biberon ? A quel âge avez-vous été sevré ? Comment avez-vous réagi ? Un sociologue, au contraire, fera des difficultés matérielles rencontrées dans votre enfance le moteur même de votre personnalité actuelle. Dans les deux cas, vous êtes prisonnier d’un « tout être » social ou d’un « tout être » psychique. On peut soutenir une autre approche : la socioanalyse. Elle affirme, l’être humain se situe à la croisée de facteurs biologiques, psychiques et sociologiques. Autrement dit son hérédité, ses relations interpersonnelles comme son milieu et son environnement constitueront les déterminants de son existence.
Coaching et roman familial
Le coach doit s’inscrire dans les deux voies. En écoutant son client, en l’aidant à faire émerger ses propres solutions face aux challenges qu’il doit supporter, il réalise une navigation constante entre la réalité et l’imaginaire, l’effectif et le fantasme. Comment le parcours professionnel du coaché est-il aussi la conséquence d’une histoire historique dont il cherche à reprendre le contrôle ? Il s’agit d’établir un lien, une articulation entre les différentes informations afin d’élaborer un récit qui donne du sens à la situation actuelle, à ses points forts et à ses faiblesses. Il s’agit encore de saisir la dialectique entre le singulier et l’universel, la spécificité d’un « roman familial » et ce qui fait que celui-ci se trouve aussi engagé dans des problématiques communes à tous. A partir de là, le client pourra enfin pointer ce qui, dans la réalisation de ses objectifs relève de freins inhérents à ses propres hésitations et ce qui va relever d’une contrainte absolue.