LA THERAPIE DE COUPLE : UNE SOLUTION POUR EVITER LA SEPARATION ?
Une thérapie de couple n’est pas une médiation familiale où il est plutôt question de gérer la garde des enfants, du choix d’un nouveau domicile en cas de séparation…
Il s’agit, au contraire, d’un processus destiné à renforcer une relation, même s’il arrive qu’au final le couple en thérapie prenne la décision de se séparer. C’est dire qu’il est nécessaire que les deux partenaires soient complètement décidés à investir le processus. Il est également nécessaire que le côté conflictuel de la relation ne soit pas trop important afin de trouver des compromis, un consensus sur tout ce qui fait problématique pour l’instant. Souvent, la thérapie de couple est demandée parce que chaque partenaire éprouve le sentiment de ne plus avoir guère de valeur aux yeux de l’autre. « Il ne me regarde plus quand il parle », « J’ai l’impression d’être transparente », « Elle se refuse à moi même quant tout va bien », « Elle crie tout le temps » … Autant de récriminations qui soulignent des désaccords et, en même temps, le désir que les choses se déroulent autrement. Car récriminer ce n’est pas vouloir se séparer. C’est seulement se plaindre que la relation n’est pas ce qu’on voudrait qu’elle soit.
UNE THERAPIE POUR DEUX QUI SE FAIT AUSSI A DEUX
Les thérapeutes, car il est souhaitable que le processus se déroule de préférence à deux, un homme et une femme, seront à l’écoute de situations variées qui vont de l’incompréhension quotidienne aux relations extraconjugales en passant par de constantes disputes. Il faut noter que, même lorsque la rupture apparaît au couple comme la seule issue possible, il arrive que la thérapie de couple puisse l’éviter. Les co-thérapeutes vont en effet souvent souligner qu’il existe un réel désir de rester ensemble en dévoilant qu’une séparation n’est pas le scénario nécessairement obligé. Car une séparation, réalisée dans l’urgence, risque d’entraîner de se retrouver plus tard avec un (e) partenaire très proche en termes de comportement du précédent. Avec lui ou avec elle vont se remettre en route les tensions à l’origine de la séparation du couple antérieur.
Comme n’importe quel processus thérapeutique, la thérapie de couple constitue un moyen de regarder en face les raisons de la souffrance qui s’est instaurée dans la relation, d’en comprendre l’origine qui est souvent liée aux mêmes raisons qui ont fait que deux personnes ont décidé de vivre ensemble. En effet, ce qui nous a attiré chez l’autre peut être, à la fois, ce que nous ne possédons pas mais, qu’au bout d’une moment, nous ne supporterons plis chez l’autre (comme le rappel perpétuel d’un manque) mais encore ce qui nous rassemble (la susceptibilité, la capacité de se mettre en colère rapidement) et qui va entraîner, au bout de quelque temps, des frictions. Autrement dit, les ressemblances au même titre que les dissemblances peuvent amener des conflits.
TROUVER LA BONNE DISTANCE
Face aux problématiques qui leur sont exposées, les thérapeutes vont conserver une position neutre. Ce ne sont ni des juges, ni des arbitres, ni des professeurs « es couple ». Même si, la plupart du temps, les partenaires essaient de les attirer dans leurs camps respectifs. Les co-thérapeutes de couple doivent, au contraire, faire preuve d’une grande vigilance pour ne pas se laisser avoir, à partir de leur contre transfert, dans une logique de soutien appuyé de l’un ou de l’autre. La technique de la thérapie de couple va consister à démontrer à quoi servent certaines tensions. Ainsi, une bonne dispute permet souvent à un couple très fusionnel de prendre quelque distance afin de se retrouver soi, de vivre un moment de solitude nécessaire.
Pour exister en équilibre, tout couple a en effet besoin de distance et d’intimité, de proximité et d’éloignement à condition de trouver l’écart juste entre « collage » et activités en solitaire. Quand un couple dysfonctionne, les partenaires ne voient plus que ce qui est négatif chez l’autre. Il est donc nécessaire d’introduire un grain de sable dans le système. Les thérapeutes vont donc demander à celui ou celle qui s’enferme dans le silence en cas de conflit, d’exprimer ses griefs de manière sincère. Celui ou celle qui se met systématiquement en colère sera invité à exposer son mécontentement avec calme… Des jeux de rôle, des scénettes où chacun se met à la place de l’autre sont proposées. Le choix du partenaire, très souvent lié à une figure familiale (et parentale) sera interrogé.
Au final, quelle que soit l’issue du processus, la co-thérapie de coupla aura permis à deux personnes qui se sont choisies, aimées, qui ont souvent des enfants, de s’écouter et de se parler avec respect et bienveillance.
Luce Janin Devillars