A l’ombre
L’eau y jaillissait de mille bouches secrètes
alentour on jouait un grand concert
de feux d’artifices
et mes paupières
comme des abats-jour défraîchis
écartaient et fanaient la lumière
L’eau y jaillissait de mille bouches secrètes
alentour on jouait un grand concert
de feux d’artifices
et mes paupières
comme des abats-jour défraîchis
écartaient et fanaient la lumière
Un banc vert
L’air y tremble de lumière
Un étang qui s’encanarde
Les mots et les mains coulent sur nous
J’écoute leur ressac
Ils jaillissent et retombent
Je voudrais conserver cette source au creux des paumes
J’en ferais des remparts de mille pieds
des fossés sans pont
Mais ton image déjà me fuit
L’attente
l’inquiétude
ne me courbent plus en deux
comme un mal insondable et irréversible
Tu t’en vas ombre douce amère
Et s’efface ton reflet sur la vitre
où j’appuie mon front
Des vies pour se trouver et pour se perdre
Dans cette mince feuille tu renaîs
si fort que j’entends battre ton coeur
et vois saillir les veines en marge
Elle palpite et se crispe
Tu l’animes
Elle tremble
Les mots comme des flocons de neige
tombent et nous atteignent
fondent et disparaissent
se retrouvent et renaissent
intemporels et plus vivants que le hurlement du loup
Feuille et chair
chair et os
Le masque se soulève
il parle enfin
Sang et neige
La pluie s’accroche au miroir fêlé du ciel
tranchantes gouttelettes
Le vent râle ou bien
c’est le vieil homme
au seuil de la mort
Sang et neige
le ciel s’est embrasé
Des éclairs claquent
Le doigt sur la gachette
un oiseau voudrait s’emparer de la lumière
Mais elle glisse
et se faufile
et toujours plus haut
vole
Faim et sang
Une vieille crainte renaît dans les maisons où se terre le sang
L’amour élargit l’espace intérieur
Autour de lui je me situe et je m’oriente
Je ne dis pas
Par rapport à lui
Juste comme autour de son axe
la terre se charge d’ombre et de lumière
Rire jusqu’à en crever
pleurer jusqu’à en rire
Afin que la douleur jaillisse de la peau
comme une fleur du mal géante et épanouie
Ou bien creuser son trou
comme une bête
s’y enfouir
croire pour ne plus croire
penser jusqu’à l’absurde deviné
pour que les pas sonnent le creux dans la tête
pour qu’ils soient confondus avec le souffle
d’une fantastique horloge
La douleur se fait douce alors
Elle fait comme une seconde peau
Donnez moi quelque chose
pour vivre
une main un visage
l’ombre d’une ombre
Je n’en peux plus de ces murs
de ces mots
qu’ils ne prononcent pas
je hais leur silence leur bonne conscience
leurs sautillements de moineaux
Je frotte ma douleur aux reins
Donnez leur donnez moi du sens
et tout le reste n’est que fioritures
lambris défaillants d’une pièce qui se désagrège
Voutes dédorées pour accords d’orgue
dans une église déserte
Fenêtre
Un rectangle vert pâle
encadrant une toile bleue
Bleu nuit bleu indigo
Ce soir tout est dingo